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Ericka

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Kevin

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Alain

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Le projet pourrait intéresser de nombreux frontaliers à l’avenir, mais certains secteurs ne pourront pas en bénéficier comme ceux de la santé, la vente, le bâtiment ou encore l'industrie.

 

Enfin arrivée à son lieu de travail, Inès s’installe à son poste et démarre sa journée. À 18 heures, il lui faudra faire le chemin inverse en compagnie de ses amies du train. Un éternel recommencement qu’elle a choisi d’adopter temporairement.

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Pour éviter la saturation des voies vers le Luxembourg, Pascal Biechele, directeur de projet chez Sodevam, propose un espace de coworking frontalier : le S-Hub (photo ci-dessous). Il s’agit d’un bâtiment de cinq étages, sur 400 m², situé à Yutz près de Thionville, là où commence le problème de fluidité de l’A31. Les réservations d’espaces de travail seront possibles à travers une application et un service de concierge sera disponible. Le coût avoisinerait les 17 euros par jour et par personne.

 

Le concept repose sur la « démobilité » avec 30 000 postes de télétravail potentiels qui n’auraient plus à aller jusqu’au Luxembourg. Aujourd’hui, seuls vingt-neuf jours de télétravail sont autorisés soit 25% du temps passé au Luxembourg, et à condition de ne pas produire de richesses. Une législation que Pascal Biechele aimerait voir évoluer en prenant l’exemple de la Belgique avec 50 jours de télétravail autorisés : « Nous avons un problème de saturation routier mais les réseaux qui ne seront jamais saturés avec la fibre optique, ce sont bien les réseaux de télécommunication. Faisons donc du télétravail ! », lance l’entrepreneur.

 

 

Lorsque Inès arrive enfin à la gare d’Esch-sur-Alzette, la deuxième ville du Luxembourg, le trajet n’est pas terminé. Elle doit encore rejoindre à pied son lieu de travail. Les retards dus aux transports sont tolérés par sa chef d’équipe, Aurélie Marchand, elle-même frontalière. Operation Manager chez HRG, elle habite en effet en France, à Entrange, tout près de la frontière. Avec sa voiture, elle fait le trajet quotidien aller-retour et met environ trente minutes en cas de grosse circulation. Si elle ne paye pas le parking, elle possède une voiture qui consomme beaucoup d’essence, soit 60 euros par semaine. Mais elle n’a pas l'intention de revenir travailler en France. Les avantages financiers et sociaux lui permettent entre autres de financer les études de ses deux enfants. La femme de 51 ans ne trouve pas le contexte local plus dur que dans d’autres grandes villes.

9h00 : Arrivée au travail à Esch-sur-Alzette

Bientôt, elle pourra peut-être prendre le Citézen, le BHNS de l’agglomération thionvilloise. Deux lignes sont envisagées : une ligne rouge sud-ouest/nord-est reliant la Vallée de la Fensch à Basse-Ham et une ligne verte nord-ouest/sud-est reliant Élange à Illange. Elles se croiseraient au niveau de la gare et du pont des Alliés. Celui-ci est actuellement en travaux puisqu’une passerelle piétonne et cyclable reliant Thionville à la gare est en construction. Cette passerelle, censée faciliter la traversée de la Moselle, sera livrée à l’automne 2020. Mais sa construction est contestée puisque son utilité ne sera réelle que lorsque le BHNS sera en place. « J’ai calculé, ça fait gagner à peine deux minutes ! En plus, si l’on en croit les illustrations de l’architecte, la passerelle n’a pas de toit, les passants ne seront même pas protégés », explique Yves Clément, président-fondateur d’Ucirouthe et conseiller municipal de Thionville aux mobilités douces (DVD). L’élu est également dubitatif quant à ce projet du Smitu (Syndicat Mixte des Transports Urbains Thionville Fensch), en charge de Citézen. Selon lui, il est loin d’aboutir et ne résoudra pas réellement la mobilité de l’agglomération, et encore moins celle des frontaliers : « Le bus ne sera en voie propre qu’à 40% sur la ligne verte et à peine 15% sur la ligne rouge ! » Le tout pour un budget annoncé de 140,18 millions d’euros hors taxe pour une mise en service prévue pour 2028.

Si Alison a trouvé une solution en déménageant à Audun-le-Tiche, beaucoup d’autres Meurthe-et-Mosellans sont encore confrontés au problème de mobilité. Mais cela pourrait bientôt être résolu grâce au Hub de Micheville. L’EPA (Établissement Public d’Aménagement) d’Alzette-Belval est en train de construire « un carrefour de mobilité sur lequel convergent les lignes de transport en commun ». Grâce à un budget de 16 millions d’euros, l’EPA a pour ambition de proposer également des services comme un parking de P+R, la location de vélos électriques, des emplacements d’autopartage ou de covoiturage et un centre de coworking et de télétravail. Le but sera d’ici 2023 de faire passer un bus à haut niveau de service (BHNS), afin d’acheminer les voyageurs vers la gare de Belval ou vers Foetz, où un tram rapide reliera Esch-sur-Alzette à la capitale. Il a été annoncé par François Bausch, ministre des Mobilités du Luxembourg (Les Verts), pour 2035. « J’étais un peu surpris que le ministre ne prolonge pas cette voie jusqu’à notre territoire, regrette Alain Casoni, maire de Villerupt (PCF). J’ai averti Jean-Luc Marx, le préfet de région, pour que ce point soit résolu dans le projet de co-développement qu’il est en train d’écrire. »

 

Pour l’heure, le salaire luxembourgeois d’Inès lui a déjà permis de devenir propriétaire en étant célibataire. Elle déménagera en effet fin 2019 pour habiter dans un appartement neuf à Yutz, une commune plus avancée sur sa ligne de train. Se laissant quelques mois de réflexion, Inès n’a pas encore tranché si elle prendra la voiture ou le bus pour se rendre à la gare lorsqu’elle habitera à Yutz.

Autre inconvénient pour Inès : impossible de sortir en semaine. Elle ne peut pas prévoir son heure d’arrivée et ses journées seraient trop longues. Le temps passé avec ses amis se concentre donc sur ses week-ends pendant lesquels elle aime se rendre au centre de Thionville pour se balader ou faire du shopping.

 

Si elle a fait tous ces sacrifices, c’est qu’elle espère « avoir une famille et des enfants plus tard ». Elle dit ne pas vouloir faire ça « pendant 20 ans », même si la jeune femme ne s’interdit rien : « Pour le moment, ça va, je tiens le rythme. Après, il faudra voir si je change d’emploi, je serai peut-être amenée à travailler à Luxembourg-Ville. Si je change carrément de domaine, je retournerai peut-être travailler en France », envisage-t-elle. Alison partage le même open space qu'Inès depuis une dizaine de mois. Il y a sept ans, elle a travaillé pendant un an au Luxembourg, avant de partir à l'étranger, éreintée par les trajets quotidiens. 

 


 

Selon le rapport sur le bien-être de la Chambre des salariés, 98,9% des frontaliers français sont salariés, contre 29,3% des travailleurs luxembourgeois. En revanche, ceux-ci sont à 70,4% fonctionnaires. Selon Christian Palego, attaché commercial chez ISS-Luxintérim, la grande majorité des intérimaires qu’il coordonne sont français. « Ils occupent des postes peu qualifiés dans le secteur du nettoyage, de la vente ou de la restauration, explique-t-il. En revanche, on recherche chez les Français certaines compétences dans le bâtiment et l’industrie.» Les frontaliers occupent donc des postes plus stressants, ou en tout cas moins stables. 

La réforme prévoit une augmentation de places sur la ligne Metz–Thionville–Luxembourg. Dans le détail, des trains allongés circuleront et offriront une capacité d’environ 1 000 places, soit l’équivalent de 33% de places assises en plus par arrêts, d’ici 2024. À partir de 2028, la SNCF vise un objectif de neuf trains par heure aux heures de pointe pour les voyageurs, afin de passer de 9 000 places assises actuellement, à 20 000 en 2030.


Alors qu’elle semble s’être habituée à cette routine dans les transports, les départs au travail l’hiver, en pleine nuit, agissent parfois sur le moral d’Inès. Elle a dû revoir son organisation, ce qui a généré du stress et de la fatigue. Sa santé n’a pas été affectée pour autant, assure la jeune femme.

 

Ce qui n’a pas été le cas de Nathalie Burtin (nldr : le prénom a été modifié, pour préserver l’anonymat), une frontalière originaire de Thionville. Mère de deux enfants, elle a opté pour le temps partiel pour faire face à la fatigue : « J’ai demandé à travailler quatre jours par semaine. Je l’ai fait quand mes enfants étaient petits pour eux, et maintenant, je le fais pour moi. Faire ça cinq jours sur sept, je ne pourrais plus. Cette semaine, je l’ai fait mais je sais que je ne pourrais pas le faire tout le temps ». Son travail et le temps passé dans les transports ont fini par l’épuiser. « L’année dernière, j’ai été arrêtée deux mois pour épuisement professionnel. Ça ne m’est jamais arrivé de toute ma vie depuis que je travaille. À un moment, le corps dit stop », raconte-t-elle. 

Après vingt minutes de transport, Inès doit descendre une première fois pour prendre sa correspondance à Bettembourg, deux quais plus loin. La jeune femme n’a pas intérêt à ce que son premier train soit en retard. La période de battement ne lui laisse pas une grande marge : onze minutes, et pas une de plus. Ce qui la fera arriver à 8h58 précises en gare d’Esch-sur-Alzette.

 

Environ 25% des frontaliers prennent le train selon Julien Gingembre. Géographe à l’Université de Lorraine à Nancy, il dresse un constat alarmant quant à la saturation de ce transport. « On a une infrastructure qui n’est pas faite pour absorber autant de trains. Aujourd’hui, on propose de mettre plus de trains par heure et plus de wagons. Élargir le faisceau ferroviaire serait très complexe techniquement et physiquement. Donc on voit qu’on atteint vite un blocage », résume le chercheur.

 

Aux heures de pointe, difficile de trouver une place assise dans les rames. Inès se réfugie alors dans la musique avec ses écouteurs. Lorsqu’il manque un wagon, il est presque « impossible de monter » assure la Mosellane. De même, l’affichage papier en gare de Bettembourg laisse parfois à désirer. Une situation chaotique qui devrait changer à partir de 2020. Elle devrait bénéficier de la gratuité des transports publics dans le Grand-Duché mais aussi de la réforme des CFL. Cette dernière devrait améliorer la fluidité du trafic ferroviaire comme l’explique Alessandra Nonnweiler, chargée de gestion aux CFL.

8h30 : Correspondance à Bettembourg

Anthony Villeneuve est un observateur attentif des problèmes de mobilité du Sillon lorrain. Chef d’agence du Républicain Lorrain à Metz, le journaliste travaille en Lorraine depuis 2007 et constate les dégâts : « C’est un sujet récurrent dans le journal, quasi-quotidien si l’on parle des galères, comme les accidents sur l’autoroute. Elles ont un impact direct sur nos lecteurs, d’ailleurs, le nombre de vues et de clics sur notre site s’en ressent. Dès qu’il y a un problème sur l’autoroute ou sur la voie ferrée… le papier atteint 80 000 vues donc c’est significatif. » Il poursuit : « Est-ce normal qu’une personne qui habite à Thionville mette entre une heure et demie et deux heures le matin pour aller travailler ? Il y a aussi des problèmes de trains, la situation empire chaque jour. On en parle peut-être de façon alarmiste mais c’est ce que vivent ces gens au quotidien », justifie le journaliste.


Face à ces nombreux désagréments, le covoiturage semble être une solution, en témoigne Sophie Campione, responsable de recrutement chez Innov'ICTion : « Chez nous, les personnes qui viennent en train sont souvent embêtées par des retards ou des grèves, donc leur plan B consiste à venir ensemble, en voiture, grâce au covoiturage organisé sur le site les frontaliers.lu. »
 

Portrait Inès dans le train
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Si Inès a choisi le train, c’est parce qu’il est « plus efficace, plus rapide et moins cher ». Coût de l’abonnement annuel : 85 euros par mois, une somme tout de même conséquente. L’hypothèse du covoiturage lui a un temps effleuré l’esprit. Mais la non-concordance des horaires, du lieu de rendez-vous et le prix des parkings l’ont vite dissuadée. Comme tous les usagers du train, elle subit la saturation et les retards des lignes. En effet, l’axe Metz-Luxembourg, dont Ukange fait partie, est l’un des plus fréquenté du Sillon lorrain avec 70 000 voyageurs frontaliers quotidiens.

Diplômée d’une Licence professionnelle Rislav (Responsable international de structures de loisirs, d’accueil et de voyages) de l’Université de Cergy-Pontoise, Inès a été embauchée dans l’agence HRG après avoir travaillé six mois comme agent de voyage chez Leclerc. Elle est aujourd’hui « Business Travel Consultant » et s’occupe principalement de réserver des voyages pour les clients. La jeune femme adore également voyager : elle s’est déjà rendue aux États-Unis, aux Caraïbes ou encore à Bali. Là-bas, elle peut profiter du soleil et des nouveaux paysages dont elle raffole. Ces petits moments de bonheur au bout du monde lui font oublier, l’espace de quelques instants, son quotidien dans les transports.


 

« Le train, c’est plus efficace,

plus rapide et moins cher. »

Chaque jour de la semaine, c’est la même rengaine. Le réveil fixé à 6h15, Inès Panfini prend sa voiture pour se rendre à la gare d’Uckange, située à cinq kilomètres du domicile familial fameckois. Elle y prend le train de 7h50 ou 8h08 selon son timing. Pour ne pas « perdre de temps », elle déjeune une fois arrivée au bureau. À partir de là, une heure dans les transports l’attend pour se rendre à son lieu de travail situé à Esch-sur-Alzette. Regrettant que les trains directs Thionville-Esch aient été supprimés quelques mois avant son embauche, la jeune femme de 26 ans est contrainte de prendre une correspondance à Bettembourg.

7h50 : Départ en train depuis Uckange

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Inès, une routine éphémère

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La santé des travailleurs au Luxembourg